Publié le lundi 23 décembre 2024
L'héritage colonial de Marie Brizard : la liqueur entre gloire et silence historique
La société Marie Brizard Wine & Spirits (MBWS) évoque un passé glorieux sur son site web, vantant le succès de l'anisette depuis 1763.
Cependant, cette rétrospective ignore une réalité historique importante : comme le souligne une analyse, la liqueur faisait partie des "marchandises de traite" expédiées depuis les ports français à l'époque.
Les personnes réduites en esclavage étaient transférées vers les plantations des Antilles ou du sud des États-Unis. À Bordeaux, alors second port négrier de France, cette liqueur servait de monnaie d'échange aux côtés d'autres marchandises telles que les textiles et les armes.
Un historien note que les alcools de qualité étaient parfois offerts aux courtiers pour faciliter les accords dans la traite.
Deux siècles après ces événements, l'héritage de cette part de l’Histoire semble largement oublié.
Marie Brizard, transformée d'une petite entreprise artisanale en un groupe international coté en Bourse, compte désormais près de 80 marques de liqueurs.
Bien que le siège historique ait été déplacé d'un site bordelais vers Ivry-sur-Seine, une usine subsiste à Lormont.
L’historien Hubert Bonin, qui a étudié l’histoire de l’entreprise, affirme qu’il est difficile de prouver formellement son implication dans la traite négrière.
Selon lui, les archives concernant le XVIIIe et le début du XIXe siècle sont insuffisantes et les dirigeants successifs n'ont guère cherché à conserver cette documentation.