Grands crus, grande précarité : des vignes prestigieuses, des travailleurs invisibles Dans les territoires viticoles de Margaux, Saint-Estèphe et Pauillac, dans le Médoc, les vignobles structurent les paysages.

Réputées dans le monde entier, ces appellations font de la région un symbole du luxe à la française.

Les grands crus appartiennent principalement à de grandes familles, des géants de l'industrie du luxe ou même des compagnies d'assurance, tels que Rothschild, Pinault, Bouygues, Axa ou Allianz.

Les vendanges, première étape de la confection de ces vins d'exception, débutent à la mi-septembre.

Chaque jour à l'aube, une armée de travailleurs de l'ombre est embauchée jusqu'à la fin de la récolte.

Chaque année, des milliers de saisonniers venant de Roumanie, de Bulgarie, du Portugal ou d'Espagne foisonnent dans les vignes aux côtés de gens du voyage.

Malheureusement, ces "petites mains" sont souvent tenues à l'écart des regards par les châteaux.

La majorité des viticulteurs ont recours à une main-d'œuvre étrangère pour ces emplois épuisants et précaires, parfois dans des conditions de travail pénibles et des logements indécents.

En général, les propriétaires des châteaux paient une société prestataire pour fournir une équipe d'ouvriers embauchés avec un contrat journalier et un salaire horaire au Smic.

Il y a vingt ans, ces prestataires étaient peu nombreux dans la région, mais aujourd'hui, on en dénombre plus de 400.

Selon une étude de l'INSEE, entre missions saisonnières et temps partiels, le secteur viticole a engendré un couloir de pauvreté le long de l'estuaire de la Gironde.

Ce couloir de précarité se superpose aux prestigieux crus du Médoc, contribuant ainsi à faire de la Gironde le territoire le plus pauvre d'Aquitaine.

Ces informations sont issues du reportage de Julien Fouchet, Victor Di Bartolo, Floriane Chaume, Fabrice Fuzillier et Pascal Drapier diffusé dans "Envoyé spécial" le 26 octobre 2023.

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