Le tribunal maritime de Marseille a prononcé, le 25 avril, une condamnation à l'encontre d'un armateur pour avoir effectué des mouillages illégaux au sein du parc national des Calanques.

Une amende avec sursis de 50.000 euros a été demandée à l'encontre de la société propriétaire du catamaran de transport de touristes, impliqué dans deux incidents ayant conduit à la destruction d'herbiers de posidonie.

Le catamaran E-Colorato, appartenant à la société Levantin, a été signalé pour avoir ancré à deux reprises, les 19 juillet 2021 et 30 avril 2022, à Sugiton et Sormiou, dans des zones spécifiquement prohibées pour les navires dépassant 24 mètres.

Sa longueur exacte est de 24,86 mètres.

Les deux skippers de ce catamaran ont été condamnés dans le cadre d'une procédure de composition pénale, qui permet une résolution rapide des affaires lorsque les accusés reconnaissent les faits.

Ils ont clairement indiqué au tribunal qu'ils avaient cédé aux pressions exercées par les touristes et l'armateur, malgré l'engagement pour la protection de l'environnement dont se prévalait l'un d'eux.

Le gérant de la société était absent lors de l'audience ; le procureur Michel Sastre a dénoncé une gestion opportuniste de l'entreprise, laissant entendre qu’elle vidé ses ressources avant de se retirer à l'étranger.

Cette affaire marque un précédent, puisqu'il s'agit du premier jugement visant un armateur, bien que le tribunal maritime ait antérieurement condamné des capitaines pour des dommages écologiques.

L'avocat du parc a indiqué que la société Levantin avait généré des bénéfices considérables grâce à son exploitation dans le parc, jusqu'à son exclusion de la liste des opérateurs de transport de passagers autorisés, en raison d'infractions répétées.

Actuellement en liquidation judiciaire, l'entreprise a été accusée de causer un dommage évalué à 49.000 euros, en raison de la destruction de 435 m² d'herbiers de posidonies.

Les herbiers de posidonie jouent un rôle essentiel sur le plan écologique en séquestrant le carbone et en offrant un habitat pour la biodiversité.

L'avocat a souligné que, sans mesures de protection adéquates, ces écosystèmes pourraient disparaître dans les prochaines décennies, alors qu'ils ont nécessité des milliers d'années pour se développer.

Une avocate représentant des associations environnementales a insisté sur le fait qu'il est inacceptable de tirer profit de l'exploitation des ressources au détriment de la biodiversité.

L'avocate du mandataire liquidateur de la société a exhorté le tribunal à ne pas condamner une entité qui n'est pas directement responsable des infractions.

La décision finale dans cette affaire sera rendue le 12 juin.