Des parents de victimes de l'affaire de Notre-Dame de Bétharram ont récemment pris la parole, révélant des témoignages peu souvent entendus au sujet de cette affaire de violences sexuelles et physiques au sein de l'institution catholique de Lestelle-Bétharram, située dans le Béarn.

Pour beaucoup de ces parents, la découverte des actes subis par leurs enfants est un choc tardif.

Un collectif regroupant des familles d'anciens élèves a été constitué pour soutenir les victimes.

Annie, la mère d'un des enfants touchés, a appris en juin 2024 que son fils, âgé aujourd'hui de 42 ans, avait été victime de viols pendant son séjour à Notre-Dame de Bétharram, où il a été scolarisé entre 1993 et 1996, de 10 à 13 ans.

En tant que mère divorcée préoccupée par son travail, Annie, aujourd'hui âgée de 67 ans, avait choisi cet internat réputé sans soupçonner les drames que son fils allait y vivre.

Ce n'est que lorsque son fils a décidé de porter plainte, après avoir gardé le silence pendant 28 ans, qu'Annie a pris connaissance de la vérité.

Elle a exprimé sa douleur en déclarant : "C'est terrible.

C'est toute sa vie qui a été bouleversée.

Je comprends mieux maintenant ses épisodes dépressifs, ainsi que ses addictions à l'alcool et aux drogues." Depuis cette révélation, Annie scrute sa mémoire à la recherche d'indices qu'elle aurait pu négliger.

Elle se remémore un incident particulier, où son fils, accompagné de deux amis, a frappé à sa porte à 7h du matin après avoir fugué de l'internat.

Ils avaient parcouru 28 kilomètres à pied pour rejoindre Pau, mais une personne de l'établissement est rapidement venue les ramener. À l'époque, son fils ne lui a pas expliqué les raisons de cette fuite, et Annie n'a pas cherché à comprendre, allant même jusqu'à le gronder.

Annie reconnaît sa frustration de n'avoir rien remarqué à l'époque, mais elle estime qu'il est inutile de se culpabiliser aujourd'hui. "Nous devons maintenant œuvrer pour aider les victimes et aborder le mal-être des familles", a-t-elle déclaré, soulignant que certaines familles persistent dans le déni et refusent de croire leurs enfants.

Une victime, aujourd'hui âgée de 51 ans et vivant au Pays Basque, témoigne également de son expérience.

Il raconte avoir tenté de confier ses souffrances à ses parents, mais ces derniers ont choisi d'ignorer ses propos sur les brutalités et les violences endurées à Bétharram.

Dans un échange douloureux, sa mère lui a répondu qu'il était trop vieux pour parler de ces événements.

Depuis qu'il a osé évoquer son passé, ses parents ne lui adressent plus la parole.