La Collectivité européenne d'Alsace (CEA) a validé à l'unanimité l'instauration d'une nouvelle taxe sur les poids lourds lors de sa réunion du 16 octobre.

Intitulée "R-Pass", cette taxe sera fixée à 0,15 euro par kilomètre pour les camions pesant plus de 3,5 tonnes, circulant sur les autoroutes A 35 et A 36.

L'initiative vise à rétablir un équilibre dans le trafic de poids lourds entre l'Allemagne et l'Alsace.

Frédéric Bierry, président de la CEA, a souligné que le territoire est devenu un point d'attraction pour les camions, constatant une augmentation de 20 % du trafic au cours des six premiers mois de 2024, atteignant même 30 % en août et septembre.

Cette situation résulte en partie de la hausse de la taxe allemande sur les poids lourds, la Maut.

La collectivité ambitionne également d'améliorer la fluidité et la sécurité du trafic, tout en cherchant à diminuer la pollution sonore et atmosphérique, de même que la détérioration des routes.

La mise en œuvre de cette mesure est prévue dans les départements du Bas-Rhin et du Haut-Rhin à partir de 2027, avec des revenus estimés à 64 millions d'euros.

Ce montant sera alloué à des projets tels que l'élargissement de la RD83 entre Colmar et Sélestat, ainsi qu'à la construction de murs antibruit pour protéger les riverains des routes bruyantes.

Cependant, cette décision suscite de vives réactions parmi les transporteurs routiers en Alsace.

La Fédération nationale des transporteurs routiers juge ce projet comme une "trahison".

Il y a peu, les professionnels de la route avaient manifesté en organisant une opération escargot pour exprimer leur désaccord.

De plus, un collectif représentatif de 21 secteurs économiques, le CCEA, a récemment exprimé ses inquiétudes concernant l'impact de cette taxe sur la compétitivité de l'économie alsacienne, appelant à un moratoire sur la question.

Les agriculteurs, qui manifestaient jeudi devant les locaux de la CEA pour d'autres préoccupations, ont également fait entendre leur opposition à la taxe "R-Pass".

Ils étaient environ 150 à se rassembler pour signifier leur mécontentement.