La France traverse actuellement une pénurie significative d'amoxicilline, un antibiotique largement utilisé, et la situation est aggravée par des décisions prises par le seul fabricant national localisé en Mayenne.

En effet, ce laboratoire, appartenant à GSK, un poids lourd de l'industrie pharmaceutique, a procédé au rejet de milliers de flacons en raison de petits défauts esthétiques sur leur emballage.

Bien que le laboratoire ait reçu en février 2024 une augmentation de 10 % du prix d'achat de cet antibiotique par l'État français, en contrepartie d'un engagement à fournir une quantité supérieure à celle de l'année précédente, des investigations ont révélé qu'il n’avait pas respecté cet accord.

Malgré des efforts pour obtenir des clarifications, GSK n'a pas donné suite aux sollicitations pour une interview.

Pour enquêter sur cette situation, une journaliste de l'équipe d'investigation a infiltré l'usine et a filmé des opérations internes de manière clandestine.

Elle a constaté que les flacons en question étaient destinés au marché japonais, un client jugé très exigeant en ce qui concerne les normes d'emballage.

En fait, de petits défauts à peine visibles, comme une étiquette endommagée ou une légère imperfection sur le flacon, étaient suffisants pour écarter les produits de la chaîne de production, alors que le médicament en lui-même était intact.

Lors de son passage sur les lignes de contrôle, la journaliste a observé qu'elle et ses collègues devaient écarter un grand nombre de flacons, la direction de la formation indiquant que de 10 à 15 % de la production pouvait ainsi être mise de côté.

Interrogé sur cette gestion des stocks, Grégory Emery, le directeur général de la Santé, a affirmé qu'il n'était pas informé de ces pratiques et aurait pris des mesures pour que ces produits soient fournis au marché français.

Des milliers de flacons d'amoxicilline ont donc été gaspillés par GSK en 2024 en raison de simples imperfections esthétiques sur leur conditionnement, tandis que la population fait face à une pénurie de cet antibiotique essentiel.