
Publié le jeudi 11 janvier 2024
L'ennui : des effets contrastés selon notre santé mentale
Certaines personnes sont plus touchées que d'autres par l'ennui, selon Julie Desrosiers, psychiatre experte dans ce domaine.
Lors d'une conférence à l'HETSL jeudi soir, elle a abordé le sujet de l'ennui, en particulier dans les contextes psychiatriques.
Selon plusieurs études, l'ennui peut avoir des conséquences néfastes, surtout chez les individus les plus vulnérables.
Cependant, selon Julie Desrosiers, l'ennui n'est pas forcément mauvais pour un individu en bonne santé.
Contrairement à l'idée reçue selon laquelle l'ennui est lié à l'absence d'activités, il s'agit plutôt d'un état émotionnel désagréable lorsque l'on a envie de faire quelque chose mais que l'on ne parvient pas à s'engager dans une activité satisfaisante.
Ainsi, il est possible d'être très occupé et en même temps de s'ennuyer.
Il est souvent dit que l'ennui peut stimuler la créativité chez les enfants, leur permettant de créer des histoires à partir d'objets simples.
Cependant, tout le monde ne réagit pas de la même manière face à l'ennui.
Un enfant qui vit dans un environnement négligent, dont les besoins essentiels ne sont pas satisfaits et qui fait face à une grande instabilité émotionnelle, peut vivre l'ennui de façon très différente, voire éprouver une grande détresse.
En résumé, lorsqu'on est mentalement en bonne santé, l'ennui peut être bénéfique en stimulant une forte motivation à agir et à s'investir dans des projets significatifs.
Cependant, il peut être préjudiciable en cas de souffrance.
Dans le domaine de la psychiatrie, l'ennui peut augmenter le risque de fugue chez les patients.
Des recherches occidentales ont également démontré qu'il existe un risque élevé d'aggravation des symptômes psychotiques liés à l'ennui.
Pour aider ces patients à surmonter l'ennui, les professionnels adoptent une approche individualisée, explique Julie Desrosiers.
Cette approche vise à rétablir des éléments clés tels que le sentiment de contrôle, la valorisation de l'estime de soi et la promotion des relations sociales.
En conclusion, l'objectif est de donner aux patients une meilleure qualité de vie plutôt que de leur fournir plus de ressources, comme le souligne l'experte en la matière.
Propos recueillis par Coralie Claude.
Adaptation web : Miroslav Mares.