Le cadre juridique relatif à la concurrence en Suisse semble inadapté à la situation d’UBS, selon l'avis d'experts qui appellent à une harmonisation avec la législation de l'Union européenne.

Après la fusion d'UBS Switzerland AG avec Credit Suisse (Schweiz) AG, officialisée le 1er juillet dernier, des inquiétudes se sont exprimées quant aux services offerts par la grande banque.

Martin Hirzel, président de l'association industrielle Swissmem, a récemment rapporté des résultats d'enquête révélant que près d'un quart des entreprises de l'association jugeaient que la qualité des services et les conditions de crédit avaient diminué depuis la reprise de Credit Suisse.

En réponse, UBS qualifie ces plaintes de simple « bruit ».

Selon des informations du SonntagsBlick, UBS bénéficie d'une protection légale grâce à un cadre complexe.

La loi sur les banques a permis de contourner l'intervention de la Commission de la concurrence (COMCO) lors de l'intégration avec Credit Suisse.

Bien que la COMCO ait pu exprimer des réserves concernant une position dominante et des risques d'augmentation des prix, ces préoccupations ont été écartées par l'autorité de supervision des marchés.

Pour la Finma, la priorité réside dans le maintien d'une solidité financière d’UBS, sans se soucier des préoccupations des entreprises du secteur industriel.

En outre, la législation actuelle en matière de concurrence ne permet à la COMCO d'agir qu'a posteriori, lorsqu'une plainte est formulée contre UBS pour pratiques anticoncurrentielles.

Cela nécessite une enquête non seulement sur la banque concernée, mais également sur d'autres acteurs du marché, ce qui pourrait prendre plusieurs années avant d’aboutir à une décision.

Ainsi, les imperfections sur le marché pourraient déjà être résolues lorsque ce jugement est rendu.

Patrick Krauskopf, professeur de droit de la concurrence et ancien vice-directeur de la COMCO, critique ce cadre réglementaire, affirmant qu'il ne convient pas à la surveillance de marchés aussi complexes.

Il souligne la nécessité de revoir la législation sur la concurrence, en se basant sur des méthodes telles que les enquêtes sectorielles, déjà employées en Allemagne, qui permettraient une réaction plus rapide aux évolutions du secteur financier.

La COMCO partage cette opinion et plaide également pour l'introduction de ces enquêtes dans ses recommandations.